Yaoundé, 21 novembre 2023 (CEA) – « La CEA plaide en faveur d'une approche multipartite, qui associe les gouvernements, les organisations non gouvernementales et le secteur privé pour renforcer la sécurité énergétique et alimentaire ainsi que la résilience économique. La diplomatie et le monde universitaire y ont un rôle prépondérant » a insisté Jean Luc Mastaki Namegabe, Directeur du Bureau Sous-Régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Son allocution à la cérémonie d’ouverture de la deuxième conférence internationale organisée par la Chaire OMC de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun de l’Université de Yaoundé 2, a donné la position de la CEA.
Cette conférence internationale, présidée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur du Cameroun, avait pour thème « Sécurité énergétique et alimentaire et résilience économique des pays de l’Afrique Centrale ».
Plus de 40% de la population de l’Afrique Centrale n'a pas un accès régulier à des aliments nutritifs, ce qui contribue à la malnutrition et entrave le développement socio-économique. Bien plus, les récents chocs exogènes à effets inflationnistes que sont la pandémie mondiale de coronavirus et la guerre Russie-Ukraine ont exacerbé la forte dépendance des pays de l’Afrique Centrale vis-à-vis du marché international en matière d’approvisionnements alimentaires. A titre d’illustration, sur la période 2020 à 2023, les dépenses d’importation de produits alimentaires du Cameroun se chiffrent à 7000 milliards FCFA selon le Ministère du commerce.
La CEA reconnaît la nature interconnectée des facteurs qui exacerbent l'insécurité alimentaire en Afrique Centrale. Les perturbations des modèles agricoles induites par le changement climatique, associées aux inégalités économiques et à l'insuffisance des infrastructures, aggravent les difficultés rencontrées par les communautés pour obtenir un accès fiable à la nourriture. Pour y répondre, les travaux de la CEA recommandent de s’attaquer aux causes profondes.
En Afrique Centrale, la solution devenue urgente est l’activation de la politique agricole commune. Cet instrument, que la CEA a accompagné, offre la capacité d’opérer des réformes stratégiques qui transforment la sous-région en une base de défense manufacturière de classe mondiale pour la transformation sur place des produits agricoles.
Pour Adama Ekberg Coulibaly, économiste et chef de section des initiatives sous-régionales, panéliste à la session 1 de la conférence : « la question de la sécurité alimentaire ne peut pas être résorbée par un seul pays, au regard des défis communs, de la taille du marché mais également des atouts et spécifications, il faut penser la sous-région comme une seule unité de production et de transformation agricole ». En développant cette vision, grâce à la politique agricole commune, « l’Afrique Centrale a la capacité à se positionner en solution mondiale face à l’insécurité alimentaire, à l’insécurité nutritionnelle et la sécurité sanitaire des aliments » analyse Adama Ekberg Coulibaly.
Abordant la question de la sécurité énergétique, le paradoxe de l’Afrique Centrale réside dans l’incompréhension de sa situation de dépendance au regard des énormes dotations naturelles qu’elle regorge. La CEA identifie l’Afrique Centrale comme zone solution mondiale. La sous-région dispose de 35% des ressources hydrauliques du continent. C’est une opportunité de développer l’énergie hydroélectrique suffisante pour la sous-région et le continent. Des projets tels que le barrages Inga en République Démocratique du Congo ou le barrage de Cholet entre le Cameroun, le Congo et la Centrafrique ont le potentiel de résorber le déficit énergétique qui plombe le dynamisme industriel.
Le bassin du Congo auquel tous les pays de la sous-région sont actionnaires est un gisement vierge de développement des énergies nouvelles. La transformation des minerais stratégiques tels que le cobalt pour stocker et distribuer de l’énergie achève de convaincre sur le mix énergétique permettant d’atteindre la souveraineté énergétique en Afrique Centrale.
Il est urgent de bâtir une coalition d’acteurs intégrant le monde universitaire et les diplomates afin que ceux-ci déploient leur ingéniosité, leur inventivité et leur entregent pour sortir l’Afrique Centrale du cercle vicieux de la dépendance alimentaire et du déséquilibre énergétique structurel.
Le représentant du Ministre d’Etat, Ministre de l’enseignement supérieur de la République du Cameroun, à la conférence internationale, Professeur Jean Paul MBIA partage ce point dans son allocuation dans ces termes « la deuxième conférence internationale de l’IRIC offre un cadre pour transformer les africains en stratèges de leur développement économique ».
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