L’Économiste lauréat du prix Nobel Roger Myerson a partagé son point de vue sur la façon dont les gouvernements africains peuvent stimuler la concurrence et le développement.
Myerson s’exprimait ce jeudi, lors de la Conférence économique africaine (AEC) de 2021, au Cap-Vert, lors d’une séance sur le rôle que jouent les cadres institutionnels et politiques dans la capacité de l’Afrique à financer son développement. Faisait partie du panel, Ahunna Eziakonwa, Administratrice adjointe du Programme des Nations Unies pour le développement et Directrice régionale pour l'Afrique.
Myerson a profité de l’occasion pour détailler les résultats de ses recherches, publiés en avril 2021, qui concluaient que la décentralisation pourrait être un moteur du développement, de la démocratie et d’un meilleur gouvernement. Les pays qui réussissent délèguent entre 20 et 30 % de leurs budgets nationaux aux conseils locaux.
« Un manque de décentralisation est pire qu’un manque de démocratie, un manque de systèmes décentralisés peut être très préjudiciable au développement », déclare Myerson au cours de ladite séance. « Si vous n’accordez pas 20 % du budget national aux structures sous-nationales, vous ne prenez pas la décentralisation au sérieux ».
En outre, le Professeur de l’Université de Chicago déclare que les perturbations commerciales causées par la pandémie de Covid-19 offrent aux pays africains une opportunité de développer leurs industries locales. La pandémie est au cœur des discussions de la Conférence économique africaine, qui a commencé, ce jeudi 2 décembre, avec un appel de la communauté du développement pour l’équité des vaccins.
L’évènement est organisé par la Banque africaine de développement, le Programme des Nations Unies pour le développement et la Commission économique pour l’Afrique. Il rassemble un large éventail de parties prenantes, notamment des décideurs politiques, des institutions de développement, le secteur privé et des chercheurs, pour discuter des moyens de développer durablement les sources de financement du développement du continent.
Au moins deux ministres des finances exhortent les gouvernements africains à élargir leur assiette fiscale en s’attaquant aux Flux financiers illicites et en réduisant la dette croissante, afin de gagner un espace budgétaire pour surmonter les défis de la pandémie. « Nous définissons de nouveaux mécanismes financiers. Nous devons utiliser des modèles non conventionnels et sortir des sentiers battus, voire adopter d’autres mesures », déclare Nicolas Kazadi, Ministre des finances, de la République démocratique du Congo.
Kevin Urama, Économiste en chef par intérim et vice-président de la Banque africaine de développement, déclare qu’en 2020, le Groupe de la Banque africaine de développement a déboursé 7,3 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 40 % par rapport aux 5,2 milliards de dollars américains déboursés en 2019. Les volumes ont été stimulés par une augmentation rapide des décaissements du Centre d’intervention contre la Covid-19.
La nouvelle vague de la pandémie devrait exercer une pression supplémentaire sur la situation de la dette de nombreux pays. Cela a accru le besoin de réformes nationales transformatrices. « Les défis du financement du développement de l’Afrique doivent être relevés collectivement », déclare Urama.