Yaoundé, 29 Janvier 2021 (CEA) –Avec l’appui technique de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), les représentants des secteurs public et privé ont consolidé un cadre global afin de mieux structurer l’industrie pharmaceutique camerounaise et la rendre plus résiliente, productive, compétitive et viable à court terme.
Dans le cadre de cette nouvelle mission, le gouvernement camerounais espère inciter les acteurs locaux à capter une part plus importante du marché local des produits pharmaceutiques d'environ 200 milliards de FCFA (369 millions de dollars E.U.) et à affirmer sa présence sur les marchés sous-régionaux de la CEEAC et du Nigéria.
A l’heure actuelle, la production locale ne répond qu'à 5% des besoins nationaux ; le Cameroun importe plus de 90% des produits pharmaceutiques dont il a besoin.
Une proportion inquiétante de produits pharmaceutiques utilisés dans le pays - estimée à 40% des produits courants sur le marché - provient de la contrebande et des chaînes d'approvisionnement illicites.
Ces questions ont émergé lors d’un atelier de deux jours visant l’examen d’une stratégie de restructuration du secteur et la création d’un corps interprofessionnel pharmaceutique, qui s’est tenu à Yaoundé les 27 et 28 janvier 2020.
Le Ministre camerounais de l’industrie, Gabriel Dodo Ndoke, a profité de l’occasion pour féliciter le bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale pour son rôle décisif dans la restructuration du Plan directeur de développement industriel (PDI) du pays, dans lequel la production pharmaceutique constitue un maillon essentiel.
Il a souligné que cet appui contribue à la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND 2030), axée sur la transformation structurelle de l'économie camerounaise «avec une attention particulière portée au développement du secteur pharmaceutique, entre autres».
Les experts camerounais et de la CEA s'accordent à dire que trois principaux obstacles causent le ralentissement de la croissance du secteur pharmaceutique, dont la faiblesse structurelle a rendu le pays, tout comme d’autres pays africains, plus vulnérable à la double menace causée par la COVID-19 sur la santé publique et l'économie. Il s’agit du manque de compétitivité, des problèmes de réputation et les niveaux limités de partenariat.
Jean Luc Mastaki, économiste en chef, à la tête de la Section de la Politique de Diversification économique et des Réformes du Bureau de la CEA pour l'Afrique Centrale, a déclaré à la presse qu’il est possible de surmonter ces défis à travers la facilitation de l’accès aux intrants pharmaceutiques, la réduction du coût de ces intrants, le renforcement des compétences nécessaires pour faire vivre le secteur (dans le cas de la compétitivité), l’éradication de la contrebande (pour restaurer les dommages causés à la réputation des produits locaux) et l'établissement de partenariats solides en vue d’attirer les investissements étrangers directs, de rechercher des mécanismes de financement innovants, de remédier aux les politiques contre-productives et d’acquérir la technologie.
La CEA est d’ores et déjà enclenché le processus de négociation d’un éventuel partenariat entre le gouvernement du Cameroun et la Société financière africaine (AFC), qui a démontré son expertise dans le soutien et le co-développement de zones économiques spéciales et d'autres grappes industrielles en Afrique.
Antonio Pedro, Directeur du Bureau de la CEA pour l’Afrique centrale, a noté que «ces zones économiques spéciales dédiées au secteur pharmaceutique mettront en place un écosystème pour une industrie compétitive et durable.»
«Dans une approche sectorielle issue d'un tel dispositif, l'industrie pharmaceutique identifiera plus facilement le potentiel de la pharmacopée locale, en amont, et celui de distribution en aval, renforçant les liens entre les acteurs de ces étapes de la chaîne de valeur et ceux impliqués dans la production », a-t-il déclaré.
Parallèlement, les six grands axes de travail suivants ont été identifiés dans le cadre de la restructuration de l’industrie pharmaceutique camerounaise et de la mise en place de son corps interprofessionnel:
ü Amélioration de la capacité de production pharmaceutique locale
ü Amélioreration de l'accès au financement
ü Mise à disposition d’incitations fiscales, douanières et autres incitations économiques
ü Amélioration de l'accès au marché
ü Renforcement des capacités des différents acteurs du secteur et des organes d'appui.
Alors que le Cameroun poursuit la mise en œuvre de ce plan d'action à court terme visant à développer sa productivité pharmaceutique, la CEA encourage le pays à profiter de son initiative Africa Pharma commandée en novembre 2019 en collaboration avec la Commission de l'Union africaine (CUA), l'Agence de développement de l'Union africaine ( AUDA-NEPAD), l'OMS, l'ONUSIDA et d'autres partenaires, en vue de permettre à l’Afrique de négocier collectivement l’achat en temps opportun et à prix raisonnable de médicaments provenant d'ailleurs, tout en développant la capacité du continent à produire rapidement ses propres médicaments et à renforcer ses normes de qualité.
L'Initiative vise à inverser la dépendance de l'Afrique vis-à-vis des importations de médicaments à long terme. Selon la CEA, le continent dépense environ 16 milliards de dollars par an pour importer environ 94% de ses besoins en produits pharmaceutiques et médicinaux.
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