Libreville/Yaoundé, 25 janvier 2020 (CEA) – En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a enclenché un processus permettant au Gabon d’engranger d’importants bénéfices découlant de ses riches forêts tropicales et autres ressources naturelles. Ceci passant par la transformation durable et la comptabilisation méthodologique de telles dotations.
Les experts du Bureau de la CEA pour l’Afrique Centrale et les conseillers auprès du Ministère gabonais des eaux, des forêts, de la mer et de l’environnement ont procédé vendredi à la clôture d’une réunion virtuelle de deux jours qui avait pour objectif d’expliquer minutieusement les enjeux d’un projet de deux ans d’une valeur d’un million de dollars américains financé par le Fonds conjoint pour les ODD (FCODD) aux parties concernées en provenance d’autres ministères, du secteur privé, des organisations pour le développement et des ONG spécialisées dans la conservation.
Ledit projet va soutenir le pilier Gabon vert du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE 2009-2025).
Le projet intitulé « le Gabon et les ODD au-delà du pétrole: financer une transition rapide et durable d’une économie brune vers une économie verte » comprend deux principaux axes programmatiques:
La production et la consommation durables
La première composante a pour but d’aider le Gabon à opérer la transition d’une économie brune vers une économie verte. Une telle transition s’obtient par l’exploitation durable des ressources forestières, minières et foncières dans le but d’intensifier la diversification économique et la transformation structurelle, de développer les chaines de valeur et de mettre en place des systèmes de production innovants qui vont permettre de créer des emplois pour les jeunes et les femmes.
Jusqu’ici, l’économie brune (celle de l’exploitation du pétrole) représente 45% du PIB du Gabon par rapport à la contribution de l’Économie verte (celle axée sur l’exploitation durable des forêts et de leur biodiversité) qui s’élève à 4%. Le PSGE que le projet appuie vise à porter la contribution de l’Économie verte par rapport au PIB à 22% à l’horizon 2025.
Le Gabon tire seulement 700 millions de dollars américains par an de ses 230 000 kilomètres carrés de forêts tropicales comparé à la Malaisie dont les gains sont quatre fois élevés (3 milliard de Dollars américains) pour une voûte forestière de 200 000 kilomètres carrés.
La mise en place de bonnes pratiques en matière d’exploitation des ressources forestières devrait projeter la nation de l’Afrique Centrale sur le même piédestal.
La Comptabilité du capital naturel (CCN)
La deuxième composante repose sur un système de quantification et d’unités d’identification granulaire de l’ensemble de la biodiversité écologique du Gabon et de ses ressources minières et forestières dans l’optique d’évaluer leur valeur monétaire globale réelle et de redéfinir le niveau de richesse du pays. La CEA et les autres partenaires préconisent l’inclusion de tels ensembles d’informations complexes sur les ressources naturelles dans les calculs du PIB, au-delà des rubriques conventionnelles du volume de la production et de la consommation économiques.
Il s’agit également de faire des calculs plus exacts de la quantité de carbone produite par les 230 000 kilomètres carrés de forêts presque vierges du Gabon ainsi que des chiffres du volume de combustible fossile inexploité présent sur son sol et dans ses eaux, afin de solliciter à juste titre des indemnisations pour un tel « Bien Public Mondial ».
L’approche ci-dessus, appelée Comptabilité du capital naturel (CCN), en termes techniques, a le potentiel d’accroitre la marge de manœuvre budgétaire du Gabon, ce qui implique littéralement la possibilité de se confronter à une dette publique moins considérable tout en ayant accès à plus de liquidité permettant de financer les besoins de développement et de migrer vers une économie à revenu intermédiaire de la frange supérieure, où la croissance peut générer des emplois et sortir la population de la pauvreté une fois pour toutes.
L’équipe pays de l’ONU au Gabon travaille déjà en synergie avec les autorités gabonaises auprès de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique Centrale (CAFI) qui met en valeur le partenariat international dans l’optique d’entretenir la forêt majoritairement vierge du Gabon en tant qu’« un Bien Public Mondial ». L’une des retombées d’une telle collaboration a donné lieu à un engagement de financement inédit pris par la Norvège. Le pays entend ainsi mettre à la disposition du Gabon un financement à hauteur de 150 millions de dollars américains selon le mode de « paiements fondés sur le rendement » afin de réduire les émissions de CO2 à zéro grâce à une protection accrue de cet important « poumon de la planète ».
Un instrument supplémentaire de financement des ODD
« Les chocs externes consistants subits par le Gabon en raison de l’effondrement du cours du pétrole et la nécessité de financer le développement pendant la période post COVID-19 démontre l’importance d’une transformation au Gabon qui permettra au pays de passer d’une croissance brune à une croissance verte fondée sur son capital naturel, » a déclaré Antonio Pedro, Directeur du Bureau de la CEA pour l’Afrique Centrale, à l’occasion du lancement du projet.
Il a affirmé que cette nouvelle approche va apporter un instrument supplémentaire pour le pays relativement à ses stratégies de financement des Objectifs de développement durables
(ODD).
D’après Aristide Kaas Kassangoye, Conseiller auprès du Ministre gabonais des eaux, des forêts, de la mer et de l’environnement– Prof. Lee White-le projet conjoint CEA-PNUD permettra au pays d’équilibrer la tension entre les besoins de la production économique et ceux de la protection environnementale en tant que les deux composantes de la même variable qui devrait contribuer à une croissance inclusive.
« Ce serait un énorme coup de pouce pour le pilier de développement Gabon vert axé sur la valorisation des énergies renouvelables, réduisant ainsi les émissions de carbone, créant une industrie de bois durable et réalisant l’autosuffisance alimentaire au moyen de l’agriculture durable », a-t-il déclaré.
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