Déclaration de M. Antٕónio Pedro lors du troisième atelier technique du Prix Kofi Annan pour la sécurité routière
Troisième atelier technique
du Prix Kofi Annan pour la sécurité routière
Déclaration de
M. António Pedro,
Secrétaire exécutif adjoint,
Commission économique pour l’Afrique
Eswatini, le 14 avril 2025
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Chef Ndlaluhlaza NDWANDWE, Ministre des travaux publics et des transports, Royaume d’Eswatini,
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M. Thulani MKHALIPHI, Secrétaire principal, Ministère des travaux publics et des transports, Royaume d’Eswatini,
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M. George WACHIRA, Coordonnateur résident des Nations Unies, Royaume d’Eswatini,
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Chers collègues des Nations Unies,
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Mesdames et Messieurs.
Je suis ravi d’être dans le magnifique Royaume d’Eswatini pour représenter la Commission économique pour l’Afrique au Prix Kofi Annan pour la sécurité routière 2025. Le choix d’Eswatini pour la célébration de cette année témoigne de la reconnaissance par le système des Nations Unies et la Fondation Kofi Annan de l’engagement du pays en faveur de la sécurité routière.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
À l’échelle mondiale, les accidents de la route causent chaque année près de 1,3 million de décès évitables et environ 50 millions de blessés, ce qui en fait la première cause de décès chez les enfants et les adolescents. Même si le nombre d’accidents de la route en Afrique est nettement plus élevé que dans d’autres régions du monde, la route restera de loin le mode de transport le plus populaire pendant longtemps, dans un contexte de croissance démographique constante et d’activités économiques nécessitant davantage de déplacements. La part du transport routier de marchandises devrait atteindre 80 % en 2030.
Le thème de cet atelier technique, organisé dans le cadre du troisième Prix Kofi Annan pour la sécurité routière, est « Mobiliser les financements nationaux pour accélérer le programme de sécurité routière en Afrique ». L’importance d’un financement durable pour réduire la mortalité routière est universellement reconnue et ne saurait être surestimée.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
La mobilisation des ressources est une priorité dans le Plan d’action mondial pour la deuxième Décennie des Nations Unies pour la sécurité routière (2021-2030), que la CEA a contribué à élaborer. Ceci est pertinent pour l’Afrique, où l’insuffisance de financement constitue un obstacle majeur au bon fonctionnement des organisations et initiatives de sécurité routière. Il est inacceptable que de nombreux organismes de sécurité routière sur le continent ne soient pas financés par les budgets nationaux. Selon le Rapport mondial de l’OMS sur la sécurité routière de 2023, seuls 16 des 45 pays africains étudiés avaient financé leurs principales agences de sécurité routière par le budget de l’État.
Les pays africains ont adopté des objectifs de financement de la sécurité routière, mais les atteignent rarement, notamment en allouant 5 % des ressources d’entretien routier et 10 % des investissements routiers à la sécurité routière. Une évaluation conjointe, par la CEA et la CUA, du Plan d’action pour la sécurité routière en Afrique pour la décennie 2011-2020 a montré que plus de 50 % des États membres n’avaient pas pris de mesures significatives pour atteindre ces objectifs.
Bien que diverses sources de financement puissent être utilisées pour promouvoir la sécurité routière en Afrique, la dépendance à l’égard des donateurs reste excessive. Cette situation n’est pas tenable, en particulier dans le contexte mondial actuel où l’aide publique au développement a diminué et est incertaine. Les gouvernements africains doivent donc redoubler d’efforts et assumer leurs responsabilités en matière de sécurité routière. Il est encourageant de constater que les agences d’entretien routier de certains pays participent au financement de la sécurité routière. Je suis ravi de savoir que l’Association des fonds de gestion des routes d’Afrique (AFERA) est représentée à cet atelier. Je suis convaincu que l’expérience de ses membres en matière de sécurité routière apportera une contribution précieuse aux délibérations de cette réunion.
Dans des pays comme le Ghana, la Guinée, l’Éthiopie et le Cameroun, les fonds routiers allouent des ressources aux interventions en matière de sécurité routière. Les péages, les taxes routières, les assurances, les taxes pétrolières et les frais d’inspection des véhicules sont des sources potentielles de financement pour la sécurité routière. J’encourage les États membres à examiner ces sources de financement innovantes, ainsi que d’autres, en tenant compte des spécificités des pays du continent.
Excellences,
Les gouvernements doivent s’associer au secteur privé pour réduire la mortalité routière en Afrique. À cet égard, la numérisation et l’utilisation des technologies de pointe en général offrent de nouvelles possibilités de partenariats public-privé (PPP). Un dialogue politique organisé par la CEA en 2024 a révélé les efforts en cours pour mettre la numérisation au service de la sécurité routière, notamment par le biais de PPP, dans plusieurs pays du continent, dont la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Ghana. Un accord de PPP pour le contrôle routier pourrait offrir des services plus efficaces et plus fiables, tout en déployant des systèmes et des technologies adaptés et bien entretenus, avec un niveau de transparence accru.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Une gestion efficace est fondamentale pour la sécurité routière et essentielle pour garantir que la numérisation et les PPP contribuent réellement à réduire le nombre de morts et de blessés sur les routes. En l’absence de solides capacités de gestion de la sécurité routière, les interventions sont fragmentées et temporaires, avec des effets localisés insuffisants pour atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de tués sur les routes d’ici 2030.
Des recherches ont démontré une corrélation positive entre le niveau de gestion de la sécurité routière et la performance d’un pays en matière de sécurité. C’est pourquoi la CEA s’attache à améliorer la gestion de la sécurité routière en Afrique.
Permettez-moi donc de conclure en vous garantissant notre engagement à soutenir les pays africains dans le renforcement de leurs capacités de gestion de la sécurité routière et la mobilisation des ressources pour mettre fin au carnage sur les routes du continent.
Je vous remercie de votre attention.