PRÉSIDENCE SUD-AFRICAINE DU G20
(PISTE DES SHERPAS)
PREMIÈRE RÉUNION DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU G20
Deuxième séance : Débat sur la situation géopolitique mondiale
Thème :
Solidarité, égalité, durabilité
Allocution
de
M. Claver Gatete
Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies
et Secrétaire exécutif de la CEA
Johannesburg (Afrique du Sud)
20 février 2025
Monsieur le Ministre Ronald Lamola, Président de la réunion,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un grand honneur de m’adresser à vous en ce moment décisif sur le plan mondial, alors que nous renouvelons notre attachement au multilatéralisme inclusif, malgré des difficultés telles que jamais le monde n’en avait connues.
Permettez-moi tout d’abord de féliciter l’Afrique du Sud pour son accession à la présidence du G20.
Notre monde connaît aujourd’hui de profonds revirements géopolitiques, marqués par une intensification des conflits, l’incertitude économique et une perte de confiance dans le multilatéralisme qui s’accentue de jour en jour.
Or, ces problèmes ne sont pas isolés, mais interconnectés. Et leur influence exacerbe les vulnérabilités sociales et économiques dans tous les pays.
L’Afrique n’est pas l’instigatrice de ces crises mondiales, elle est pourtant l’une des régions les plus durement touchées.
Qu’il s’agisse des incidences des changements climatiques, qui entraînent une insécurité alimentaire et des déplacements de population, ou des ramifications économiques de chocs externes, telles que l’alourdissement du fardeau de la dette et l’instabilité des prix des matière premières, les coûts supportés par l’Afrique sont disproportionnés.
Aujourd’hui, 1,1 milliard de personnes vivent dans une pauvreté multidimensionnelle aiguë, et plus de la moitié d’entre elles sont des enfants.
Par ailleurs, il est inacceptable que 3,3 milliards de personnes résident dans des pays qui dépensent plus pour le service de leur dette que pour leur développement.
Les inondations dévastatrices en Libye, les sécheresses prolongées dans la Corne de l’Afrique et les répercussions économiques de la pandémie n’ont fait que renforcer l’urgence d’une action mondiale coordonnée.
Pour dire les choses simplement, sans intervention décisive, la trajectoire de développement de l’Afrique se trouvera considérablement limitée.
Dans cette optique, le G20, en tant que plateforme rassemblant les pays du monde dont l’économie est la plus importante, a à la fois la responsabilité et la capacité d’influer sur les réponses mondiales.
Mais pour être efficaces, nous devons rétablir la confiance dans le multilatéralisme.
Il nous faut un engagement en faveur d’un système de gouvernance mondiale plus inclusif et plus équitable – un système qui ne se contente pas de reconnaître les problèmes auxquels l’Afrique est confrontée, mais qui intègre activement les voix et les priorités africaines dans l’élaboration de solutions.
Et nous devons faire preuve d’audace dans notre action.
Premièrement, nous devons redéfinir l’architecture de la finance mondiale afin d’assurer à l’Afrique un accès équitable au financement du développement, aux mécanismes d’allégement de la dette et aux solutions innovantes de financement de l’action climatique.
Le surendettement souverain reste une menace existentielle : 20 pays africains sont en difficulté ou risquent de l’être en raison d’obligations dépassant 1 100 milliards de dollars.
L’échec du cadre commun du G20 pour le règlement de la dette montre bien l’urgence d’une réforme systémique.
Deuxièmement, nous devons intensifier les investissements dans les chaînes de valeur régionales.
À cet égard, nous devons tirer parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour renforcer la résilience économique et encourager une industrialisation inclusive.
Enfin, nous devons défendre les principes de paix et de sécurité par des engagements diplomatiques actifs, par la prévention des conflits et par des actions favorables à la stabilisation régionale.
La présidence sud-africaine du G20 est une occasion unique de proposer des solutions concrètes pour façonner l’avenir de millions de personnes, en particulier grâce à des initiatives telles que la Commission du coût des capitaux et les groupes de travail sur la croissance économique, la sécurité alimentaire et l’innovation numérique.
L’Afrique est prête à jouer son rôle de partenaire constructif pour bâtir un monde plus stable, plus prospère et plus inclusif.
Je vous remercie.