New York, le 2 février 2023 (CEA) - Les pays africains doivent mettre en place des réformes budgétaires de grande envergure pour accélérer une reprise durable après les multiples crises qui ont entravé l’industrialisation et la diversification économique, exhorte le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Antonio Pedro.
« Assurer une reprise durable, qui protège les populations et les économies des chocs futurs de pandémies et d’autres crises, nécessitera une série de réformes et d’initiatives aux niveaux national et international », déclare M. Pedro dans son allocution lors de l’édition 2023 de la réunion de coordination du Conseil économique et social (ECOSOC), le 2 février, à New York.
Il souligne que les efforts de redressement de l’Afrique ont été sapés par la guerre en cours en Ukraine, le resserrement des conditions financières internationales et la crise climatique.
« Pour les pays africains, des choix politiques appropriés par le biais de réformes fiscales ainsi que la mise en place de cadres cohérents et efficaces pour mobiliser les recettes intérieures sont nécessaires », affirme M. Pedro, appelant à une nouvelle priorisation des dépenses publiques pour investir dans davantage des projets favorisant la croissance.
Il fait remarquer que la pandémie de COVID-19 a entraîné la plus forte baisse du taux de croissance sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale et a plongé plus de 55 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté.
Il souligne en outre que la guerre d’Ukraine a contribué à une inflation à deux chiffres dans près de la moitié des pays africains, qui est également aux prises avec des budgets tendus, une augmentation des coûts du service de la dette et un marché restreint pour les nouveaux financements.
« Au rythme actuel, nous commençons à voir une inversion d’une grande partie des progrès accomplis vers la réalisation du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 », note M. Pedro.
Actuellement, neuf pays africains sont en situation de surendettement et 13 autres présentent un risque élevé de surendettement, ce qui rend urgent la réforme du Cadre commun du G20 afin d’en faire un processus plus efficace pour les restructurations multilatérales de la dette, exhorte-t-il.
Appelant à un processus simplifié de redistribution des Droits de tirage spéciaux vers les Pays en développement et au respect des promesses, M. Pedro exhorte les banques multilatérales de développement africaines à aider à réduire les risques d’investissement sur le continent afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du reste du monde.
Optimiste quant à la possibilité d’une reprise, qui tire parti du potentiel humain et économique du continent africain, M. Pedro indique qu’une telle reprise commence par des emplois et des compétences. En outre, une reprise inclusive et résiliente doit être sous-tendue par une croissance verte et équitable tout en assurant une transition énergétique juste pour atteindre l’objectif fondamental de l’accès à l’électricité pour tous sur le continent.
« Nous avons 500 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité, et cette donne doit changer », souligne M. Pedro, exhortant l’Afrique à exploiter ses ressources naturelles pour localiser les chaînes de valeur stratégiques telles que le développement des batteries et des véhicules électriques, et les énergies renouvelables, y compris le solaire et l’éolien.
En outre, l’Afrique doit opérationnaliser les politiques de contenu local et les programmes nationaux de développement des fournisseurs pour accélérer l’émergence de PME compétitives à l’échelle mondiale et élargir le marché du travail.
M. Pedro déclare que la pleine mise en œuvre de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) générerait les bases de la reprise du continent en raison du vaste marché de 1,3 milliard de personnes qu’offre la-dite Zone. La CEA travaille avec les Communautés économiques régionales pour formuler des stratégies pertinentes pour la mise en œuvre de la ZLECAf et l’action climatique.
M. Pedro souligne que par le biais de la Plateforme africaine de collaboration régionale, la CEA a travaillé avec divers partenaires pour élaborer un récit et un contenu africains pour la COP27 à laquelle l’Afrique était fortement présente. Il souligne de plus l’opportunité de développer des marchés de crédits carbone en Afrique.
« Notre objectif est que si nous réussissons à vendre du carbone séquestré à 120 dollars par tonne, nous générerons environ 82 milliards de dollars par an de revenus supplémentaires », fait-il remarquer. « Cette somme est plus que ce que vous pouvez obtenir de l’Aide au développement et si cela peut se traduire par des projets visant à assurer des moyens de subsistance durables, nous agirons simultanément sur l’action climatique et la réduction de la pauvreté ».
La CEA travaille également sur des projets visant à accroître la proposition de valeur de la conservation où les communautés locales tirent un dividende des efforts de conservation et deviennent ainsi les meilleurs agents en matière de conservation.
La réunion de coordination de l’ECOSOC a été créé par l’Assemblée générale des Nations Unies en juin 2021 en tant qu’élément essentiel d’une série de mesures visant à renforcer le Conseil et à améliorer sa capacité à mieux remplir son rôle conformément à la Charte pour coordonner le système des Nations Unies et ses organes subsidiaires dans le domaine économique, social, sanitaire, environnemental et autres domaines connexes.
Publié par :
Section de la communication
Commission économique pour l’Afrique
B.P. 3001
Addis-Abeba
Éthiopie
Tél : +251 11 551 5826
Email : eca-info@un.org