Niamey, Niger, le 23 novembre 2022 (CEA) - Les pays africains doivent articuler des politiques, stratégies et programmes efficaces et prendre des mesures visant à promouvoir le commerce et les exportations afin de réaliser les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), déclare le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique, M. Antonio Pedro.
S’adressant aux participants à la séance d’ouverture de l’évènement sur « Exploiter la ZLECAf pour l’industrialisation de l’Afrique : Favoriser la compétitivité et la durabilité à l’ère du numérique », lors du Sommet de l’Union africaine sur l’industrialisation et la diversification économique, qui se tient au Niger, il dit que le commerce intra-régional a potentiel de faciliter des économies d’échelle accrues, la diversification et la valeur ajoutée.
« L’objectif principal de la' ZLECAf est de favoriser la compétitivité au niveau des industries et des entreprises grâce à des opportunités de production à grande échelle, à un meilleur accès au marché et à l’efficacité de l’allocation des ressources », indique-t-il.
M. Pedro déclare que la numérisation est un vecteur prometteur d’industrialisation durable avec le lancement de la plateforme Africa Trade Exchange (ATEX), une plateforme de commerce numérique interentreprises (B2B) et intergouvernementale (B2G) qui facilite Le commerce africain dans le cadre de la ZLECAf.
« L’ATEX est une démonstration claire de la façon dont le commerce régional peut aider à acheminer les produits essentiels dans les zones qui en ont le plus besoin en Afrique », affirme M. Pedro, expliquant que la CEA rassemble et analyse en ce moment des données sur le régime réglementaire régissant le commerce numérique en Afrique.
Mme Treasure Maphanga, Directrice des opérations du Groupe AeTrade et ancienne Directrice du commerce et de l’industrialisation, à la Commission de l’Union africaine, dit que la numérisation a un effet catalyseur à travers la croissance des services, en particulier dans la logistique, la finance et l’assurance.
« Tirer parti de la technologie et d’autres aspects de l’économie numérique pour créer des emplois est la voie à suivre... et les entreprises informelles ne doivent pas être désavantagées », déclare Mme Maphanga.
Les pays africains devraient tirer parti des nouvelles opportunités de l’ensemble des résolutions convenues lors de la récente COP27 en Égypte. Ces résolutions comprennent une aide financière, technologique et un renforcement des capacités dont les pays en développement ont besoin pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets inévitables du changement climatique. Des contributions de plus de 230 millions de dollars ont été versées au Fonds d’adaptation auquel les pays africains devraient songer à accéder pour la transformation structurelle de leurs économies, exhorte M. Pedro.
Une évaluation préliminaire du marché volontaire du carbone menée par Dalberg et la CEA sur la base de données satellitaires partielles indique que les crédits carbones peuvent générer jusqu’à 82 milliards de dollars à 120 dollars par tonne d’équivalent CO2 en utilisant la séquestration basée sur la nature. M. Pedro fait remarquer que malgré les prix actuellement bas des crédits carbones en Afrique, la nécessité d’une action accélérée sur le changement climatique et la mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris feront monter les prix, au profit des pays africains pour monétiser leur capital naturel.
M. Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA, déclare que le financement et la mobilisation de la finance verte en particulier, constituent un défi en Afrique.
La plupart des pays doivent encore élargir considérablement l’accès aux services électriques de base et investir dans la transformation et le développement plus larges de leurs économies. En outre, le financement vert en Afrique était relativement coûteux par rapport à d’autres régions, compte tenu du risque de change et d’inflation associé à l’investissement sur le continent.
Cependant, l’Afrique a une opportunité sans précédent pour une transition verte à travers la ZLECAf, déclare M. Karingi, notant que celle-ci facilite les chaînes de valeur vertes en utilisant la normalisation comme un outil pour construire des projets bancables.
Appelant l’Afrique à mobiliser des capitaux auprès de nombreuses sources pour financer son développement vert, M. Hubert Danso, Leader des investissements et Président du groupe d’investisseurs africains (Ai), la Banque africaine d’investissement dans les infrastructures vertes, indique que le continent est doté d’un capital naturel qui il peut exploiter.
M. Danso fait remarquer avec inquiétude que l’Afrique doit mobiliser 3 000 milliards de dollars pour ses projets de Contributions déterminées au niveau national (NDC) d’ici 2030 dans le contexte où le monde a mobilisé 2 800 milliards de dollars au cours des 20 dernières années, dont seulement 2 % sont allés à l’Afrique.
« Nous regorgeons tellement d’un point de vue capital naturel qui a été quantifié par la Banque africaine de développement en termes de marge de carbone, pouvant être de l’ordre de 4 600 milliards de dollars d’ici 2030 sur le continent », déclare. M. Danso, faisant valoir que les principaux objectifs de la ZLECAf ne seront pas atteints sans une augmentation exponentielle des investissements institutionnels dans la logistique et les infrastructures liées au commerce.
« Il ne fait absolument aucun doute que nous devons co-créer des initiatives et de futurs modèles commerciaux et plateformes pour faire de la mobilisation de capitaux privés à grande échelle pour les opportunités de commerce et d’investissement en Afrique, l’attente et non l’exception », observe M. Danso.
M. Adeolu Adewuyi, de l’Université d’Ibadan, souligne que pour la réalisation des objectifs de la ZLECAf, les pays africains doivent articuler des politiques, stratégies et programmes efficaces ainsi que des plans d’action concrets pour la promotion du commerce. Ils doivent également identifier de nouvelles opportunités de diversification, d’industrialisation et de développement des chaînes de valeur.
Dans son allocution de clôture, Mme Hanan Morsy, Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la CEA, déclare que les pays développés doivent embrasser le potentiel d’industrialisation de l’Afrique et soutenir sa transition à faible émission de carbone pour garantir que le continent puisse se développer tout en considérant l’action climatique.
Mme Morsy fait remarquer que les pays africains se trouvent dans un dilemme de faire avancer le développement économique et l’industrialisation tout en respectant les mesures requises en matière de changement climatique. Une approche gagnant-gagnant était nécessaire.
« Il est essentiel que les pays africains trouvent un équilibre réaliste et pragmatique entre la poursuite de leurs trajectoires d’industrialisation et de développement et leurs objectifs climatiques, avec le soutien des pays à revenu élevé », indique Mme Morsy, ajoutant que : « L’industrialisation verte vise à découpler la croissance des externalités environnementales négatives en maximisant l’application d’énergie propre, d’intrants durables et de technologies de production verte ».
Publié par :
Section de la communication
Commission économique pour l’Afrique
B.P. 3001
Addis-Abeba
Éthiopie
Tél : +251 11 551 5826
Email : eca-info@un.org