Addis-Abeba, Éthiopie, le 19 mars 2021 (CEA) - Le Mozambique, São Tomé-et-Principe, la Somalie et le Soudan sont surendettés tandis que 11 autres pays africains courent un risque élevé de l’être alors que la pandémie de coronavirus continue de faire des ravages à travers le continent, précise la Commission économique africaine (CEA).
Telles sont les paroles de Bartholomew Armah, Directeur par intérim de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, à la CEA, prononcées ce vendredi, lors de la 39ème réunion du Comité d’experts de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, à Addis-Abeba.
S’exprimant sous le sous-thème, « Mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul pour les Pays les moins avancés », M. Armah déclare que sept des 11 pays à haut risque de surendettement ont demandé un allégement de la dette dans le cadre de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) que la CEA préconise de prolonger jusqu’en 2022 pour permettre à davantage de pays d’en bénéficier.
Il affirme que des ressources supplémentaires sont nécessaires pour assurer la transition harmonieuse de ces pays du statut de Pays les moins avancés (PMA) vers celui de Pays en développement (PED).
La pandémie de COVID-19 pose un défi pour le passage dans l’avenir du statut de Pays les moins avancés, dont 33 pays africains font partie, à celui de Pays en développement.
Manquer ce passage signifie la perte de privilèges tels que l’Aide publique au développement (APD) et les privilèges commerciaux, « il est donc impératif d’aider ces pays à quitter leur statut de PMA ».
Outre l’élimination progressive des mesures internationales de soutien, de l’APD, des mesures liées au commerce et autres, les pays qui sont en passe de sortir de leur statut de PMA ou qui ont récemment quitté le statut de PMA ont été confrontés au défi supplémentaire de financer leur relance face à la pandémie, indique M. Armah.
« Selon le document final de l’Examen régional pour l’Afrique, qui s’est tenu virtuellement du 22 au 26 février, au Malawi, il est impératif d’aider les PMA à accéder à des financements concessionnels pour relever leurs défis structurels, faciliter leur transition et renforcer leur réponse à la crise », déclare M. Dit Armah.
Il dit que sans financement concessionnel supplémentaire, la pandémie compromettra les perspectives de changement de statut de Sao Tomé-et-Principe, en particulier.
M. Armah a partagé avec les experts certaines des mesures encouragées par la CEA pour soutenir la relance africaine face à la COVID-19. Il s’agit notamment de l’extension du DSSI jusqu’en 2022 et de l’émission de Droits de tirage spéciaux (DTS) de 500 milliards. Cela fournira 8,1 milliards de DTS (12,5 milliards de dollars américains) aux PMA africains sur la base du système de quotas, ce qui leur donnera une marge de manœuvre budgétaire pour répondre de manière adéquate à la pandémie et relancer l’économie.
D’autres mesures comprennent la recapitalisation des banques multilatérales de développement ; des rehaussements de crédit et des garanties pour réduire le coût du crédit commercial pour les pays ayant accès aux marchés des capitaux.
Le Programme d’action d’Istanbul a fixé un objectif ambitieux de permettre à la moitié des PMA de répondre aux critères de changement de statut d’ici 2020. Cependant, la COVID-19 s’est produite et pose un défi pour les futures perspectives de changement de statut des PMA, car les mesures de confinement et de verrouillage des territoires ont ralenti l’activité économique mondiale et ont déclenché des récessions dans plusieurs pays.
La croissance du PIB réel dans les PMA africains devrait passer de 4,0% en 2019 à -1,5% en 2020.
« Le FMI prévoit que la croissance du PIB réel des PMA africains rebondira à 3,7% en 2021, mais ce chiffre est inférieur au seuil minimum de 7% requis pour réaliser la transformation », affirme M. Armah.
Il dit qu’avant la COVID-19, les Pays africains les moins avancés avaient réalisé des progrès dans la réduction des décès maternels et des taux de mortalité des moins de cinq ans, qui ont chuté de 27,5%, passant de 98,6% en 2010 à 71 pour 1 000 naissances vivantes en 2019.
Les pays ont également enregistré une augmentation des dépenses par habitant consacrées à l’enseignement primaire de 10,5% du PIB à 12% du PIB, ainsi qu’une amélioration de la parité entre les sexes dans les écoles primaires et secondaires.
M. Armah indique qu’ils ont également progressé en termes d’augmentation du taux de scolarisation primaire de 74% en 2015 à 82% en 2018 ; et autonomisent politiquement les femmes grâce à une représentation accrue au parlement.
Il dit que les PMA ont également fait des progrès, réduisant la concentration des produits d’exportation en diversifiant leurs exportations de produits de base. La concentration des produits est passée de 0,56 en 2011 à 0,33 en 2019.
« Au cours de la période 2011-2019, seuls cinq PMA africains – l’Angola, la République centrafricaine, Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie et la République Unie de Tanzanie - ont enregistré une baisse de leur dépendance aux produits de base », déclare-t-il.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre aux PMA une opportunité d’élargir le commerce, déclare M. Armah, ajoutant que les PMA doivent investir davantage dans l’énergie car cela est essentiel pour l’industrialisation. La lutte contre les Flux financiers illicites est également cruciale pour le développement de ces pays.
Le thème de la Conférence des ministres de cette année est « Industrialisation durable et diversification de l’Afrique à l’ère du numérique dans le contexte de la COVID-19 ».
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