Addis-Abeba, le 19 janvier 2023 (CEA) - La Commission économique pour l’Afrique (CEA) soutient l’intégration commerciale régionale par le biais de la Plateforme africaine d’échanges commerciaux (ATEX), une plateforme permettant l’achat en gros de produits de base.
S’exprimant lors d’une session sur l’intégration du commerce régional lors de la Consultation régionale sur les PMA5 pour les Pays les moins avancés (PMA) d’Afrique et Haïti, le Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA, M. Stephen Karingi, souligne l’importance du commerce au sein des PMA dont 33 sont en Afrique.
Au cours des 5 dernières années, environ 80 % des exportations des PMA africains étaient destinées à des pays extra-africains, tandis qu’environ 79 % des importations des PMA africains provenaient de l’extérieur du continent.
« Reflétant l’Afrique plus largement, les PMA importent en grande partie des produits manufacturés et exportent des biens à bas coût le long des chaînes de valeur critiques comme les produits pétroliers, les minerais et les métaux et les produits alimentaires », a déclaré M. Karingi, exprimant sa préoccupation que les modèles commerciaux actuels aient exposé les PMA africains à la volatilité des prix des produits de base et des chocs mondiaux.
La CEA et Afreximbank, en collaboration avec l’Union africaine et le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ont développé une plateforme numérique ATEX priorisant le B2B et le B2G. Cette dernière fournit un marché numérique sûr et sécurisé pour la mise en commun de la demande commerciale de l’Afrique, ainsi qu’un point d’accès transparent et compétitif aux fournitures essentielles.
M. Karingi explique que l’ATEX permet le commerce numérique des principaux produits et intrants agricoles importés par le continent depuis la Russie et l’Ukraine. Il s’agit notamment des céréales, des engrais et des intrants associés, des huiles, des oléagineux, d’autres produits et intrants qui soutiennent les chaînes de valeur agricoles.
La plateforme commerciale ATEX a été établie à la suite de la création de la ZLECAf, qui si elle est pleinement mise en œuvre, accélérera l’industrialisation en Afrique et augmentera la valeur du commerce intra-africain de 400 % et la part du commerce intra-africain à 26 % d’ici 2045. Ceci est comparé à la part du commerce intra-africain qui était de 15 % en 2020.
« La ZLECAf risque d’avoir un impact beaucoup plus conséquent sur le commerce intra-africain car les estimations ci-dessus ne tiennent pas compte du commerce transfrontalier informel qui prévaut dans la plupart des PMA africains », affirme M. Karingi, ajoutant que si la ZLECAf est supposée avoir une incidence différente sur les pays en fonction de leurs avantages comparatifs existants, tous les pays africains en bénéficieront.
Des gains commerciaux sont prévus principalement dans les secteurs de l’industrie, de l’agroalimentaire et des services. Par exemple, le secteur agroalimentaire intra-africain de l’Éthiopie connaîtra une croissance de 84 % et le secteur industriel du Bénin de 63 %.
La CEA aide les pays africains, dont beaucoup sont des PMA, à élaborer leurs stratégies nationales de mise en œuvre de la ZLECAf.
En outre, la CEA a mené des recherches avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et recueilli des données sur les restrictions commerciales des services numériques dans les pays africains. Sur 28 pays disposant de données, la CEA a collecté des données sur 17 PMA qui montrent différentes restrictions commerciales dans les pays africains. Par exemple, peu de restrictions en Gambie et des restrictions élevées en Tanzanie, les infrastructures étant la restriction la plus courante.
Malgré les perspectives de commerce et d’industrialisation pour les PMA qu’offre la ZLECAf, il y a de nombreux obstacles à l’industrialisation pour les PMA. Par exemple, les acteurs productifs sont en grande partie des Micro-petites et moyennes entreprises pauvres en ressources et en talents, qui sont dirigées de manière disproportionnée par des femmes et des jeunes, y compris ceux du secteur informel.
Notant que les femmes sont confrontées à des contraintes en ce qui concerne leur participation au commerce, y compris l’accès aux actifs, au financement, aux marchés, à l’information, aux réseaux, aux compétences, aux normes, à la technologie, à la sécurité aux frontières, M. Karingi déclare que des politiques complémentaires inclusives sont nécessaires pour la mise en œuvre nationale et régionale de la ZLECAf. Dans cette optique, l’Assemblée de l’Union africaine a décidé d’inclure le Protocole sur les femmes et les jeunes dans le commerce dans le contexte de l’Accord sur la ZLECAf et la CEA veille à ce que la politique genre soit intégrée dans les stratégies nationales de mise en œuvre de la ZLECAf.
« Les PMA africains sont extrêmement vulnérables aux chocs mondiaux en raison de leurs schémas commerciaux actuels et la ZLECAf contribuera à protéger les PMA africains des chocs externes et à renforcer l’industrialisation de ces pays », déclare M. Karingi.
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