Brazzaville, Congo, 2 mars 2021 (CEA) - Avant l’apparition du Nouveau coronavirus mortel (COVID-19), l’Afrique enregistrait des taux de croissance positifs mais insuffisants pour atteindre les Objectifs de développement durable, déclare Bartholomew Armah de la Commission économique pour l’Afrique.
Le Directeur par intérim de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, de la CEA, déclare cela en présentant un rapport d’étape sur la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et de l’Agenda 2063 et en abordant la crise de la COVID-19 aux niveaux régional et sous-régional lors du 7ème Forum régional africain pour le développement durable en cours.
Des indicateurs tels que les déficits budgétaires, l’augmentation de la dette et les envois de fonds, susceptibles de baisser de 20% à cause de la COVID-19, exercent tous des pressions sur les pays africains en difficulté.
Outre la pandémie, l’Afrique a été confrontée à des défis en matière de sécurité, de Flux financiers illicites, d’environnement, entre autres, qui ont eu des effets négatifs sur les efforts du continent dans la réalisation des objectifs de l’Agenda 2030 et de l’Agenda 2063.
Les deux Agendas avaient des piliers identiques dans le Rapport sur le développement durable en Afrique, qui a été préparé par la CEA, la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD) et le PNUD. Le rapport visait à fournir des rapports intégrés sur la performance des deux Agendas.
Les piliers interdépendants examinés dans l’Agenda 2030 sont le climat, les personnes, la prospérité, les partenariats et la paix ; et dans l’Agenda 2063, les partenariats, la paix et la gouvernance, l’amélioration des niveaux de vie, la transformation vers une économie inclusive et durable, une Afrique intégrée et l’autonomisation des jeunes et de la femme.
« Les progrès dans le domaine de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté ont ralenti au cours de la dernière décennie. Cela n’a pas pleinement pris en compte ce que les dégâts causes par la COVID-19 aux économies », déclare M. Armah.
Le pilier sur les personnes, concernant la faim, la santé et l’éducation, a enregistré une augmentation de 20% de la sous-alimentation. À 53%, l’insécurité alimentaire est élevée par rapport aux autres continents et le double de la moyenne mondiale de 25% avec une sous-alimentation assez aiguë en Afrique de l’Est et de l’Ouest.
Alors que l’espérance de vie est passée de 57 ans en 2010 à 61 ans en 2018 et que les taux de mortalité maternelle et des moins de 5 ans ont diminué, ils restent encore 2,6% supérieurs à la moyenne mondiale.
Seulement 13% de la population du continent bénéficie d’une protection sociale, mais l’Afrique du Nord connaît un taux plus élevé, à 39%.
Dans le cadre de l’égalité des sexes, la violence à l’égard des femmes est plus élevée que dans d’autres régions et les mariages précoces sont répandus. Mais sur une note positive, la part des femmes dans les parlements nationaux est au même niveau que la moyenne mondiale de 25%. La qualité de l’éducation est également un sujet de préoccupation.
Seuls 26% des pays ont atteint l’objectif 2019 de l’UA dans le domaine de la gouvernance démocratique. L’Afrique de l’Ouest a connu un déclin dans ce domaine, selon le rapport.
M. Armah dit qu’en matière de paix et de sécurité, il y a eu une certaine régression. Environ 74% des pays africains sont confrontés à des défis majeurs pour atteindre l’ODD 16, tandis que 23% sont confrontés à des défis importants allant du terrorisme complexe à l’insurrection.
Seulement environ 40% de la population africaine dispose de l’électricité et cette inégalité est très préoccupante.
Dans le domaine de la corruption, l’Afrique a fait pire que d’autres parties du monde en ce qui concerne l’indice de perception de la corruption.
La part des budgets nationaux financés sur ressources internes est passée de 61 à 67%. Ainsi, alors qu’il y a eu un recul de la mobilisation intérieure des financements, la plupart des pays financent désormais leur budget sur leurs propres ressources.
La plupart des pays du Comité d’aide au développement n’ont pas atteint l’objectif de fournir une APD équivalente à 0,7 pour cent de leur revenu national brut. Cependant, les envois de fonds représentent désormais deux fois le niveau de l’APD et doivent donc être mis à profit pour le financement du développement.
Selon le rapport, six pays africains sur sept sont en situation de surendettement, et quelques pays rejoindront la liste.
« Une résolution ordonnée de la situation de la dette grâce à une action multilatérale sera essentielle pour déterminer comment l’Afrique atteindra les objectifs fixés », déclare M. Armah.
« Il est nécessaire d’accroître les investissements dans des domaines clés favorables tels que la santé et la gouvernance et également de mettre en place des réformes pour réduire la corruption ».
Dans les investissements en énergies renouvelables et verts, dit-il, l’Afrique peut en fait créer plus d’emplois que les investissements qui dépendent des combustibles fossiles, c’est une opportunité que la COVID-19 a créée.
M. Armah déclare que les Flux financiers illicites continueront d’épuiser les ressources de l’Afrique, ajoutant qu’il est essentiel de s’attaquer à ce problème dans le cadre de la gestion de la dette.
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