Brazzaville, 27 février 2021 (CEA) – La capitale congolaise, vient d’accueillir la troisième session du Forum africain sur la science, la technologie et l’innovation où des centaines des jeunes du continent ont été initiés dans les métiers des STI . C’était aussi un rendez-vous où experts et gouvernants ont débattu les avantages des nouvelles technologies. La transition vers les énergies renouvelables qui représentent désormais le grand moteur de la croissance et pôle de créations d’emplois, préoccupe de plus en plus le continent africain. On en parle avec Jean-Paul Adam, Directeur de la division des technologies, de climat et des ressources naturelles à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Question (Abel Akara Ticha, équipe communication): Le premier Forum s’est tenu en 2019 et a été marqué par plusieurs recommandations. Il a été notamment demandé aux gouvernements d’investir beaucoup plus dans la science et la technologie. Bien d’autres recommandations portaient sur : tirer profit de l’énergie de nos jeunes et promouvoir la préparation intra-africaine dans la science, la technologie et l’innovation. Où en est-on avec toutes ces recommandations ?
Réponse (Jean Paul Adam) : Premièrement, ce Forum qui a démarré en 2019 était une reconnaissance du constat selon lequel on n’arrivait pas à réaliser les objectifs du développement durable, en se penchant seulement sur les taux de croissance actuellement.
En Afrique en 2018 nous avions un taux de croissance qui approchait les 4%. Nous ne pouvons pas gagner le pari du développement durable avec un taux de croissance à ce niveau.
Il était alors question de changer la donne en se penchant sur la science, la technologie et l’innovation qui nous donnent plusieurs pistes à développer, notamment la quatrième révolution industrielle, c’est-à-dire la numérisation de nos économies.
Je crois que depuis ces moments-là plusieurs initiatives de la CEA, en partenariat avec les pays membres, ont permis d’avancer. Nous avons par exemple renforcé les Centres d’innovation dans différents pays d’Afrique.
Nous avons également renforcé les capacités de formation dans les universités en ce qui concerne les technologies, notamment en biotechnologie.
Aussi dans le contexte du Covid-19 il est question d’adapter la technologie aux nouvelles réalisations dans le cadre de la lutte contre cette pandémie. Puis, à la fois de bâtir mieux pour l’avenir et créer la résilience contre les changements climatiques.
Les actions que nous avons suivies sont entre autres l’identité numérique pour les pays africains. Dans ce sens, il s’agit de profiter pleinement de cette quatrième révolution industrielle autour du numérique.
Il s’agit aussi de bénéficier du potentiel de cette jeunesse africaine qui est le moteur du renouveau africain. C’est le moteur pour une relance régionale, continentale et mondiale.
Question : Vous avez parlé de la volonté d’accompagner les pays dans la création des Centres de recherches et d’innovation. Sous l’impulsion de la CEA, nous sommes déjà à combien de Centres créés ?
Réponse : On a surtout appuyé les Etats membres en ce qui concerne la politique et l’écosystème qui favorise le développement des Centres d’innovation. On a connu un essor des Centres en Afrique.
Le nombre de Centres est passé de 442 en 2018 à 643 en 2019. C’est une suite des recommandations du Forum ; mais aussi l’appui que la CEA a donné aux Etats membres en ce qui concerne la politique pour développer et faciliter la création ces Centres, soit au sein des universités ou encore dans le monde des entrepreneurs.
Il s’agit de créer un environnement où l’innovation fait partie de l’écosystème de l’entreprenariat et du business.
Question : le deuxième Forum s’est tenu en 2020. Au nombre des recommandations il y avait cet appel au niveau des pays africains d’essayer de tirer des leçons d’ailleurs et d’investir davantage dans la technologie verte. A quel stade sommes-nous aujourd’hui ?
Réponse : Ce que nous pouvons constater c’est que l’Afrique a reconnu l’importance de cette transition verte. C’est important de reconnaitre que c’est une transition parce que l’Afrique a un vrai problème d’accès à l’énergie. Nous avons presque 500 millions d’Africains qui n’ont toujours pas accès à l’électricité.
Pour arriver à connecter tout le continent il faudra plusieurs formes d’investissements, mais on privilégie l’énergie verte.
L’on peut noter à travers les programmes d’investissements régionaux de l’Union africaine (UA) que sur 74 projets qui sont priorisés, la plus grande majorité des projets d’énergie concernent l’énergie renouvelable. Il n’y a qu’un seul qui est lié aux hydrocarbures.
La CEA a beaucoup travaillé avec les Etats membres en ce qui concerne les contributions nationales vis-à-vis de l’accord de Paris de 2015. Ces pays ont bien l’ambition de faire cette transition verte.
L’Union africaine a adopté en juin dernier un programme de relance verte tourné autour de l’investissement dans le renouvelable, la sécurité alimentaire fondée sur le développement durable, sans oublier des solutions fondées sur la nature.
Alors, c’est évident que l’adoption des technologies de l’énergie renouvelable est la clé pour permettre l’accélération de la croissance. L’avantage aussi avec les technologies renouvelables c’est le fait qu’elles créent une grande valeur des emplois. Elles multiplient la croissance dans la création des emplois.
Une étude faite récemment par la CEA a démontré une croissance en termes de création d’emplois de plus de 250% par rapport aux emplois qui sont créés dans les hydrocarbures.
Cela démontre l’importance de développer une politique cohérente de la part des pays africains à investir dans les énergies renouvelables comme moteur d’une relance verte pour tout le continent.
Question : on dirait qu’avec l’apport de la CEA l’Afrique est très bien partie sur la voie des énergies renouvelables...
Réponse : Je crois que l’Afrique est bien lancée vis-à-vis de son ambition de faire la transition vers les énergies renouvelables. Il faut reconnaître qu’il y a beaucoup de défis autour des financements.
Le Fonds vert pour le climat a certaines ressources. Mais, la promesse d’injecter 100 milliards de dollars par année n’a pas été tenue conformément à l’accord de Paris.
Nous sommes aussi dans de nouvelles circonstances avec le Covid-19. Et, le troisième Forum que Brazzaville a abrité était l’occasion de reconnaître que l’Afrique doit innover et trouver de nouvelles solutions adaptées à la réalité actuelle. Sinon ça ne sera pas évident de trouver des investissements nécessaires.
Il y a bien des opportunités qui existent. On l’a constaté dans les projets que la CEA dirige avec les pays membres, notamment la plateforme d’information contre le Covid-19.
La République du Congo a été le pays qui a lancé la Plate-forme africaine de communication et d’information pour la santé et l’action économique (ACIP) avec la CEA qui permet de transférer les informations en temps réel entre les pratiquants dans le domaine de la santé, mais aussi avec le public.
On a vu aussi la plateforme d’achat du matériel en ce qui concerne la lutte contre le Covid-19 qui démontre la croissance du commerce numérique en Afrique.
Les possibilités sont à la fois de réduire les coûts, mais aussi pour les entrepreneurs africains qui profitent de ce milieu numérique en s’appuyant sur la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF) pour mieux faire le commerce dans la sous-région.
Ce troisième Forum a été l’occasion de travailler avec de jeunes entrepreneurs qui peuvent utiliser cette opportunité numérique. Cette année, suivant l’édition 2020, on a fait également un bootcamp ; un atelier qui donne aux jeunes des compétences sur des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle et la robotique.
Ceci permet aux jeunes de se lancer dans l’entreprenariat basé sur l’innovation. C’est une chance pour l’Afrique.
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