Les gouvernements africains doivent trouver des modèles de financement innovants s’ils veulent transformer les défis économiques provoqués par la pandémie de Covid-19 en opportunités.
S’exprimant le premier jour, de la Conférence économique africaine (AEC) de 2021 qui se déroule au Cap-Vert, au moins deux ministres des finances déclarent qu’il est nécessaire que les gouvernements africains élargissent l’assiette fiscale en luttant contre les Flux financiers illicites et en réduisant le fardeau croissant de la dette pour surmonter les défis de la pandémie.
« Nous définissons de nouveaux mécanismes financiers. Nous devons utiliser des modèles non conventionnels et sortir des sentiers battus, voire adopter d’autres mesures », déclare Nicolas Kazadi, Ministre des finances de la République démocratique du Congo.
Les ministres des finances déclarent que l’Afrique a la possibilité d’attirer des Investissements directs étrangers (IDE) massifs en renforçant ses institutions et en minimisant la publicité négative, qui fait grimper les notations de risque du continent.
Les gouvernements africains, disent les ministres, doivent créer une société régie par des principes, une éthique et un droit.
L’édition 2021, de la Conférence économique africaine, qui a été ouverte ce jeudi 2 décembre par le Président José Maria Neves, se déroule alors que plane le nuage sombre de la pandémie de Covid-19 qui a affecté négativement les économies africaines en réduisant les revenus et en déclenchant une crise de la dette.
Avec ces niveaux d’endettement croissants, les ministres appellent à la réorganisation de la dette, en particulier de la dette extérieure, afin de libérer des ressources pour d’autres services publics essentiels tels que la santé et l’éducation.
« La dette publique est une bombe atomique qui se dirige vers le continent africain », déclare M. Olavo Avelino Garcia Correia, Vice-Premier Ministre et Ministre des finances du Cap-Vert.
« Nous ne pouvons pas avoir une économie qui ne fonctionne que pour payer ses dettes », ajoute Garcia.
Le Cap-Vert cité en exemple par le ministre consacre 60% de ses revenus au service de la dette.
« Ce n’est pas viable, non seulement pour le pays, mais aussi pour les pays africains ».
Au-delà d’un moratoire de la dette, les pays africains doivent se restructurer et réorganiser leurs dettes extérieures.
Garcia ajoute que le problème de la dette est mieux résolu en interne grâce à une collecte fiscale accrue, tandis que les citoyens doivent avoir la garantie d’une utilisation transparente des ressources collectées.
Kazadi souligne le rôle du secteur privé dans la mise en place de nouveaux modèles de financement qui, outre les IDE, incluent également les envois de fonds.
« Nous ne devons pas ignorer le rôle du secteur privé dans la réduction de la pauvreté et le développement », affirme Kazadi.
Il ajoute que les gouvernements africains doivent créer des institutions solides, transparentes et responsables.
Garcia fait également allusion à une meilleure gouvernance comme remède universel contre le financement illicite et la corruption. « C’est aux Africains de construire des institutions solides qui mettront fin aux flux illicites et au blanchiment d’argent », dit-il.
L’ensemble des participants reconnaissent que les pays africains doivent se diversifier pour mieux faire face aux défis futurs. Le continent a également besoin d’une voix dans les institutions financières mondiales et internationales. « Nos institutions ne peuvent pas défendre uniquement la paix et la sécurité, mais aussi la croissance et le développement », affirme Kazadi.
« Les Africains se doivent de trouver des solutions à la dette, nous devons juste faire nos devoirs, mais les partenariats avec des partenaires internationaux sont importants »
Kazadi déclare que la technologie est également là pour aider lAfrique.
« Je ne peux me permettre d’avoir un inspecteur derrière chaque contribuable, profiler leurs voyages, leurs achats, leurs revenus, tout est enregistré et l’État peut gérer intelligemment les informations et réduire l’évasion fiscale ».
Le panel convient qu’il est également nécessaire que les États africains dialoguent entre eux et intègrent des solutions. Cela leur permettra de réduire la pauvreté.
L’opportunité d’utiliser la solidarité internationale pour surmonter les problèmes et les défis du continent existe également, mais cela nécessite une mobilisation et un engagement au quotidien.
En ce qui concerne les récentes allocations de Droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI), Kazadi encourage les pays, en particulier les pays riches et développés, à redistribuer leurs parts aux pays pauvres qui ont désespérément besoin d’aide.
La Conférence économique africaine, qui se déroule à la fois en présentiel et virtuellement, a été organisée par la Banque africaine de développement, la CEA et le PNUD.