Réunion du Groupe de travail africain de haut niveau sur l’architecture financière mondiale coordonné par la CEA en marge des réunions de printemps 2022 du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale
Washington, 21 avril 2022 - Les membres du Groupe de travail africain de haut niveau sur l’architecture financière mondiale (le Groupe), coordonné par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et composé des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et des principales parties prenantes africaines - Banque africaine de développement, Union africaine, Afreximbank - se sont réunis lors des réunions de printemps 2022 à Washington, pour discuter des besoins financiers urgents de l’Afrique dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique ont appelé à une action urgente correspondant à l’ampleur de l’impact de la guerre en Ukraine, à l’instar de la réponse apportée au début de la pandémie de Covid-19. Pour éviter de perdre les acquis de décennies de développement, la communauté internationale doit déployer de toute urgence une série d’instruments financiers existants qui fourniront rapidement des liquidités et une marge de manœuvre supplémentaires aux pays africains pour les aider à soutenir leurs populations et à préserver la stabilité sociale. L’Afrique est la région du monde la plus exposée à la menace de l’insécurité alimentaire qui pèse sur des millions de personnes.
Les ministres ont présenté les demandes suivantes, afin que l’Afrique puisse bénéficier à court terme du soutien dont elle a besoin de toute urgence pour faire face à la crise. Ils ont réitéré ces demandes à la réunion du Groupe consultatif africain présidée par la Directrice générale du FMI, Mme Kristalina Georgieva, qui s’est tenue plus tard dans la journée.
Allégement et restructuration du service de la dette
Alléger le service de la dette due au FMI par les pays pauvres les plus touchés. Les ministres appellent le FMI à accorder un allègement du service de la dette aux pays les plus pauvres exposés aux chocs, à l’instar de l’allègement consenti au début de la pandémie par le biais du Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes.
Prolonger de deux ans l’Initiative de suspension du service de la dette du G20. Les ministres demandent aux membres du G20 de prolonger de deux ans l’Initiative de suspension du service de la dette, afin de fournir au groupe de pays pauvres les plus touchés une marge de manœuvre budgétaire pour financer les dépenses urgentes.
Rendre rapidement opérationnel le Cadre commun du G20 pour la restructuration de la dette en révisant les procédures de sa mise en œuvre opérationnelle. Les ministres demandent également au G20 de modifier le Cadre commun pour la restructuration de la dette de manière à le rendre efficace, rapide et étendu, en révisant ses procédures et en y incluant les créanciers commerciaux. Il devrait également s’appliquer à la conversion de la dette en cas de problèmes de liquidité, en plus de la restructuration de la dette.
Renoncer aux surtaxes du FMI pendant 2 à 3 ans durant la crise. Les surtaxes sont estimées à 4 milliards de dollars pour la seule année 2022 et sont imposées aux pays qui empruntent beaucoup, en plus du paiement des intérêts et des frais.
Nouveaux financements et liquidités
Étendre rapidement les nouveaux financements du FMI. Les ministres demandent également que le FMI examine rapidement les demandes de nouveaux programmes et d’augmentation des programmes existants. En outre, le FMI devrait utiliser pleinement ses instruments de financement d’urgence le cas échéant, comme il l’a fait au début de la pandémie, et augmenter temporairement les limites d’accès aux financements d’urgence jusqu’en 2025. En outre, le FMI devrait demander l’émission de nouveaux DTS.
Redéployer rapidement les fonds engagés mais non décaissés des banques multilatérales de développement.
Alimenter le Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance.
Mettre à disposition des fonds d’urgencepar le biais du Guichet de financement des ripostes aux crises par l’intermédiaire du financement de l’IDA19 et de l’IDA20 de la Banque mondiale. Concentration de l’IDA20 en début de période.
Les ministres appellent à une forte reconstitution du Fonds africain de développement et à un soutien à la mobilisation de ses fonds propres par des emprunts sur les marchés des capitaux.
Tirer parti du modèle de la Plateforme africaine de fournitures médicales et du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins de l’Union africaine, d’Afreximbank, de la CEA, de l’UNICEF, des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies et du Groupe de la Banque mondiale, pour les produits de première nécessité tels que les céréales et les engrais, entre autres.
Appui aux initiatives visant à améliorer la liquidité, comme la Facilité de liquidité et de durabilité, qui favorisent l’accès au marché à des taux plus abordables.
Meilleure réorientation des DTS
Enfin, les ministres demandent de renforcer la réorientation des DTS, ce qui impliquerait de porter les annonces de contribution de 60 à 100 milliards de dollars. Accélérer l’allocation des 60 milliards de dollars engagés au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance et au nouveau Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité, permettrait de garantir que ces fonds d’affectation spéciale sont entièrement financés pour apporter des réponses rapides. En outre, le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité devrait être rapidement opérationnel et sa conception améliorée en élargissant son champ d’application et ses critères d’éligibilité, notamment en dissociant le Fonds de la nécessité de disposer d’un programme du FMI.
Recapitaliser les banques multilatérales de développement, notamment les banques publiques de développement africaines, et les ajouter à la liste des détenteurs prescrits de DTS. Canaliser une partie des DTS vers les banques multilatérales de développement (comme la Banque africaine de développement) qui sont des détentrices prescrites de DTS ; elles pourront multiplier par 3 ou 4 les DTS reçus, soutenir la recapitalisation et le financement des banques publiques de développement africaines, accroître le financement du développement et faire face à la crise alimentaire qui se profile.
Ensemble, ces efforts aideraient les pays les plus touchés à mobiliser rapidement des ressources afin de réagir plus vigoureusement au choc des prix alimentaires et énergétiques, sans nuire aux efforts déployés pour relever les défis structurels et assurer la viabilité budgétaire à plus long terme. Le Groupe travaille également sur des propositions à plus long terme afin de pouvoir mieux fonctionner au service de l’Afrique.