Addis-Abeba, Jeudi 28 janvier 2021 -Selon la Banque africaine de développement (BAD), les jeunes représentent 60% de tous les Africains sans emploi. Aussi sombre que puisse paraître la situation, il semble qu’il y ait de l’espoir au bout du tunnel à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), révolutionnaire. Le pacte suscite l’espoir que cette statistique peut être modifiée et orientée positivement vers la progression économique des jeunes sur le continent.
Pour mieux comprendre l’ampleur du défi du chômage sur le continent, l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) a lancé la Boîte à outils de création d’emplois de PIDA lors de la 5ème Semaine du PIDA qui s’est tenue au Caire, en Égypte, en 2019. Ladite Boîte à outils est un instrument innovant de suivi de l’incidence des projets de développement des infrastructures régionales sur le marché du travail africain.
AUDA-NEPAD a depuis publié deux rapports PIDA sur les perspectives d’emplois, dont le dernier rapport a été lancé lors de la 6ème semaine virtuelle du PIDA qui vient de s’achever au cours d’une session plénière intitulée, « Mettre en lumière la création d’emplois grâce au développement du corridor ». L’Honorable Ebrahim Patel, Ministre sud-africain du commerce, de l’industrie et de la concurrence, a dirigé le discours en mettant l’accent sur l’interdépendance entre le développement des infrastructures et le développement économique régional afin de permettre et faciliter le fonctionnement de la ZLECA. Dans son discours d’ouverture, le Ministre Patel déclare que « le développement du commerce et des infrastructures dépend des investissements dans les infrastructures. Les activités économiques telles que la production de plus de biens nécessitent des infrastructures. En particulier les « quatre grands », à savoir l’électricité, les transports et la logistique, les technologies de la communication et l’eau… Le développement des infrastructures est essentiel pour l’avenir du continent ».
À la suite du discours du ministre, Mme Towela Nyirenda-Jere, Division de l’intégration économique, AUDA-NEPAD ; Mme Bernice MacLean, Division de l’industrialisation, AUDA-NEPAD et Maikel R. Lieuw-Kie-Song, BIT ont occupé le devant de la scène pour la table ronde sur la 2ème édition des Perspectives d’emplois du PIDA, l’industrialisation et la création d’emplois, optimiser les résultats en matière d'emploi des investissements dans les infrastructures, respectivement.
Présentant un aperçu de la boîte à outils de création d’emplois, Mme Nyirenda-Jere note que l’outil a les fonctionnalités suivantes :
- Estimer le nombre d’emplois créés par le projet d’infrastructures au cours de son cycle de vie, de la préparation du projet à la mise en service ;
- Maximiser les emplois en suggérant des mesures à prendre telles que le développement des compétences et l’inclusion des politiques visant à créer des emplois secondaires résultant de l’amélioration des services d’infrastructures prévus ;
- Élaborer des scénarios de création d’emplois dans les projets d’infrastructures grâce à des fonctionnalités telles que la suggestion de fournisseurs de sexe féminin pour les besoins d’approvisionnement dans la chaîne d’approvisionnement à l'appui de l’ODD 5 sur le genre, car l’Afrique a un taux d’entrepreneuriat féminin de seulement 27% et ;
- Fournir des études de cas pour servir de référence aux utilisateurs de la boîte à outils.
Bien que la mise en œuvre des projets d’infrastructures sur le continent ait ralenti en raison de la pandémie de COVID-19, la boîte à outils continue d’offrir des informations pertinentes et précieuses visant à déterminer le nombre potentiel d’emplois directs et indirects que les projets d’infrastructure pourraient générer dans leur cycle de vie. Cette boîte à outils peut également être utilisée par les gouvernements pour estimer les emplois à créer afin de stimuler leurs économies après la COVID-19.
Faisant allusion à la forte interdépendance entre les infrastructures et le développement économique régional pour permettre l’existence du commerce régional et faciliter ce dernier, déclare Mme Nyirenda-Jere ; « Les infrastructures doivent être développées pour servir de catalyseur pour d’autres opportunités économiques telles que la ZLECA ».
S’exprimant sur la discussion, Mme MacLean souligne en outre l’importance de l’interdépendance entre la ZLECA et l’industrialisation sur le continent. Selon elle, « Une approche multisectorielle intégrée est nécessaire avec des investissements ciblés dans le développement des compétences et la formation afin de catalyser l’expertise et le savoir-faire africains qui stimuleront l’entrepreneuriat et les opportunités d’emploi, ainsi que l’industrialisation et le commerce locaux à long terme ». Pour conclure ses remarques, Mme MacLean déclare : « D’ici 2020, l’Afrique aura la plus grande main-d’œuvre au monde. Nos jeunes possèdent la résilience, l’innovation et le savoir-faire technologiques nécessaires pour conduire la mise en œuvre des ambitions de l’Afrique en tirant parti de l’ère du numérique ».
Pour conclure la table ronde, Maikel R. Lieuw-Kie-Song, cite les utilisations importantes de ladite boîte à outils du PIDA et le rôle qu’elle peut jouer dans le partenariat AUDA-NEPAD et BIT dans leur collaboration en vue de réaliser les Analyses d’incidence sur l’emploi du BIT. Selon Lieuw-Kie-Song, « les Analyses d’incidence sur l’emploi peuvent fournir des dimensions qualitatives importantes telles que le salaire moyen, qui est un rapport entre le salaire et la moyenne nationale ou la médiane nationale ou la moyenne du secteur de la construction », conclut Lieuw-Kie-Song, en affirmant que la création d’emplois reste un impératif en Afrique et en exprimant avec optimisme le soutien du BIT à la stratégie du PIDA pour stimuler les investissements dans les infrastructures sur le continent.