Kigali, Rwanda, le 10 mars 2022 - Une réunion régionale sur l’examen des progrès, des défis et des opportunités pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en Afrique appelle les femmes à être au centre d’une reprise verte, inclusive et résiliente en Afrique après la COVID-19 et les crises climatiques.
Accueillie par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), ONU Femmes et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la réunion hybride s’est tenue à Kigali, le 4 mars en marge du Forum régional africain pour le développement durable (FRADD) Forum régional africain pour le développement durable (FRADD).
La réunion a réuni des représentants de gouvernements, d’agences intergouvernementales, d’Organisations de la société civile, d’universités, de groupes de défense des droits des femmes et de réseaux de justice climatique dans le but d’examiner les défis existants et émergents qui entravent les progrès vers l’Objectif de développement durable (ODD) 5 pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, à la lumière de la COVID-19 et du programme « Reconstruire en mieux ».
En outre, les participants ont partagé les bonnes pratiques et les expériences de la région à reproduire pour accélérer l’action sur l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’action climatique inclusive, dans le but d’atteindre l’ODD 5 et l’Aspiration 6 de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
La crise climatique se fait davantage ressentir chez les femmes
Selon des études de l’ONU, les femmes sont plus vulnérables aux conséquences des catastrophes, en particulier au changement climatique et à la COVID-19, en raison des inégalités de longue date entre les sexes. Les femmes constituent la majorité des pauvres du monde, dépendent souvent de l’agriculture à petite échelle pour leur subsistance et peuvent représenter 80 % des personnes déplacées en raison des catastrophes liées au climat.
Dans son allocution de bienvenue, Mme Jennet Kem, Représentante d’ONU Femmes au Burundi, souligne que malgré les progrès, les femmes et les filles en Afrique continuent de subir de multiples formes de discrimination et d’inégalités dans les sphères sociales, économiques et politiques.
Elle met en exergue la nécessité d’un changement fondamental pour changer la façon dont les décideurs, les praticiens et les exécutants doivent travailler. Mme Kem déclare : « Notre priorité doit être de localiser l’ODD 5 au niveau local… Ce ne sont pas seulement les gouvernements nationaux qui doivent s’approprier cette tâche. Les communautés et les Organisations de la société civile doivent participer et tenir les gouvernements responsables de leurs engagements internationaux.
La COVID-19 fait dérailler les gains en matière d’égalité des sexes
S’exprimant lors de la réunion, Mme Edlam Yemeru, Directrice par intérim de la Division du genre, de la lutte contre la pauvreté et de la politique sociale de la CEA, souligne que les conséquences de la pandémie sapent les progrès réalisés par l’Afrique dans le domaine de l’égalité des sexes, entraînant ainsi une crise humanitaire qui pourrait être aggravée par le changement climatique et de surcroît affectant négativement, les femmes et les filles.
Elle dit : « Les dirigeants du continent doivent tirer pleinement parti des opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et la transformation numérique… Tirer soigneusement parti de ces opportunités peut contribuer à promouvoir l’égalité des sexes, notamment grâce à l’inclusion financière et à l’autonomisation économique des femmes. Nous connaissons bien les enjeux. Ce dont nous avons besoin, ce sont des actions concrètes et des changements mesurables à grande échelle. Nous ne pouvons plus nous permettre de continuer comme si de rien n’était quand il s’agit de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ».
S’adressant aux participants, M. Bannet Ndyanabangi, Directeur régional du Bureau régional du FNUAP pour l’Afrique orientale et australe, déclare : « Faire des investissements intelligents pour accélérer les progrès en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs universels dans les pays peut exploiter le dividende démographique et réaliser un développement durable. Les preuves montrent que répondre au besoin non satisfait de planification familiale peut réduire les taux de mortalité maternelle de 35 %. Nous avons donc besoin d’actions prioritaires qui promeuvent des économies résilientes et sensibles au genre, accélèrent l’inclusivité et priorisent l’équité et à la justice.
« Les agents d’un changement transformateur »
Contribuant à une table ronde lors de la réunion, l’Hon. Marguerite Ramadan, Ministre centrafricaine de la promotion du genre, de la protection de la femme, de la famille et de l’enfant, déclare que les femmes ne sont pas seulement des victimes ou des bénéficiaires mais aussi des agents d’un changement transformateur et que les femmes doivent être habilitées à assumer des rôles de direction et à conduire le changement. Elle souligne que l’intégration de la Plate-forme d’action de Beijing dans la planification nationale peut donner un élan à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes en Afrique.
S’exprimant également lors d’une table ronde, le Dr Rewan Youssif, Responsable de l’Unité santé et bien-être, à la Commission de l’Union africaine, déclare aux participants que bien qu’il n'existe pas de formule standard unique pour les configurations institutionnelles régissant la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063, quatre mesures initiales doivent être prises au niveau national. Celles-ci, ajoute-t-elle, comprennent la traduction des ODD en objectifs et repères nationaux, l’intégration des objectifs des ODD dans les stratégies et plans nationaux à moyen et long terme, la garantie de la disponibilité des ressources pour faciliter une mise en œuvre réussie et l’adoption des mesures de l’ensemble de la société et de l’ensemble du gouvernement pour renforcer l’appropriation des deux agendas.
Lors de la réunion, la CEA, ONU Femmes et le FNUAP ont présenté les conclusions de leur document sur « L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles en Afrique : Les progrès, les défis, les opportunités et les actions prioritaires clés pour accélérer la mise en œuvre de l’ODD5 » afin d’orienter les discussions. Les interventions survenues au cours de la réunion et qui seront publiées dans un rapport, éclaireront les résultats du FRADD de cette année, qui alimenteront l’édition 2022 du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.