Il y a vingt ans, grâce au plaidoyer des femmes artisanes de la paix et en particulier celles en Afrique, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution historique 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.
C’était une première de reconnaitre les femmes non seulement en tant que victimes de la guerre, mais aussi en tant que personnes dotées de leur propre agence et expertise, qui sont des atouts précieux dans la recherche de solutions pacifiques au conflit.
Depuis lors, il y a eu neuf résolutions supplémentaires du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité et plusieurs instruments de l’Union africaine ont été mis en place.
Entre 1990 et 2016, la proportion d’accords de paix comprenant des références aux femmes est passée d’une moyenne de 12% entre 1990 et 2000 (avant l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité) à 32% en 2015.
Malheureusement, cette tendance positive a récemment régressé. En 2018, seulement 4 des 52 accords contenaient des dispositions sensibles au genre, soit moins de 8%.
Je voudrais rappeler ce que j'ai dit ce matin – c’est essentiellement une question de pouvoir. Cela démontre que les hommes ne quittent pas si facilement le pouvoir à cet égard. Le pouvoir n’est pas facilement accordé. Il faut le saisir.
Ce livre a été publié en étroite coopération avec la Commission de l’Union africaine et présente de nombreuses femmes impliquées dans divers efforts de consolidation de la paix : provenant de villages ruraux et de villes, ayant bénéficié d’éducation privilégiée et issues de milieux modestes.
Ce que ces femmes remarquables ont en commun, ce sont leurs efforts à promouvoir la paix et arbitrer les conflits dans les communautés, souvent sans reconnaissance ni paiement, et parfois à grand risque personnel. Ce sont des pionnières, leaders et innovatrices courageuses.
Plus que tout, les femmes dans le livre « veulent moins de discours sur elles, la paix et la sécurité, et plus d’action. Les femmes dans ce livre comptent sur nous, la communauté internationale, et sur leurs dirigeants et les dirigeants d’autres nations pour œuvrer plutôt que de prononcer des discours à leur sujet. Elles veulent un investissement concret en tant que parties prenantes égales qui se soucient de l’avenir de leurs communautés et nations. Elles connaissent en détail – autant que leurs homologues masculins - la logistique, les tactiques, la violence et le coût humain de la guerre ».
Nous devons faire beaucoup plus pour garantir la participation égale des femmes aux processus de paix et pour placer les survivantes au cœur de notre approche de la violence sexuelle et sexiste dans les conflits.
L’absence de femmes à la table est également liée à des problèmes d’état d’esprit et de perception sociale, car nous avons tous pris connaissance à présent des études qui prouvent que la participation des femmes augmente considérablement les chances de conclure un accord de paix durable.
Comme nous le savons, l’inégalité entre les sexes est une question de pouvoir. C'est pourquoi il est si important que le pouvoir change et que davantage de femmes occupent des postes de responsabilité au sein des gouvernements, des conseils d’administration et des Nations Unies.
Nous devons faire davantage pour défier et modifier la dynamique globale du pouvoir dans la société. Par exemple, nous avons besoin de plus de présidentes, parlementaires, gestionnaires de fonds spéculatifs et PDG.
Sur ce point, je suis fier de dire que l’ONU a commencé à faire sa part des choses. Nous avons atteint la parité entre les sexes au sein de notre haute direction pour la première fois en 75 ans d’histoire. Comme beaucoup de femmes dans ce livre, nous avons des femmes exceptionnelles avec de vastes connaissances, qui aideront à guider l’Organisation à travers les défis mondiaux et dans l’avenir.
Tout comme le livre, nous investissons dans nos jeunes femmes. Nous les écoutons par le biais de canaux de dialogue avant notre 75ème anniversaire et par le biais de la Décennie d’action et des coalitions du Programme d’action de Beijing+25. Et je veux dire, nous les écoutons vraiment. Dans mes voyages, j’essaie autant que possible d’organiser des réunions comme celle-ci pour vous écouter directement, entendre vos expériences et ce que vous pensez qu’il faut faire différemment.
Le moment pour nous de passer des paroles aux actes sur cet agenda était hier. Nous avons déjà accusé du retard.
Que proposez-vous que nous fassions différemment ?
Ce que ces femmes remarquables ont en commun, ce sont leurs efforts à promouvoir la paix et arbitrer les conflits dans les communautés. Je pense qu’avec leurs leçons, nous pouvons aller plus vite et nous pouvons aller beaucoup plus loin dans notre lutte pour la paix et dans notre lutte pour la prospérité, la paix, la justice et l’égalité en Afrique.
Je vous remercie.