Addis-Abeba, Éthiopie, le 9 février 2020 (CEA) - Le monde doit faire davantage pour assurer la participation égale des femmes aux processus de paix, déclare ce samedi soir, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
S’exprimant lors du lancement d’un livre publié conjointement par la Commission de l’Union africaine (CUA) et l’ONU, intitulé She Stands for Peace: 20 years, 20 journeys, le Chef de l’ONU dit que malgré la résolution historique 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité qui a pour objectif d’autonomiser les femmes afin de les rendre indépendantes, la « tendance positive » de ces dernières années vers la prise en compte de la dimension genre dans la résolution des conflits s’est inversée.
« Nous devons faire beaucoup plus pour assurer une participation égale des femmes aux processus de paix et placer les survivantes au cœur de notre approche sur la violence sexuelle et sexiste dans les conflits », affirme-t-il.
« L’absence de femmes à la table est également liée à des problèmes d’état d’esprit et de perception sociale, car nous avons tous pris connaissance à présent des études qui prouvent que la participation des femmes augmente considérablement les chances de conclure un accord de paix durable ».
L’inégalité hommes-femmes, ajoute-t-il, est une question de pouvoir.
« Cela démontre que les hommes ne quittent pas si facilement le pouvoir. Le pouvoir n’est pas facilement accordé. Il faut s’en saisir. C’est pourquoi il est si important que le pouvoir change et que davantage de femmes occupent des postes de responsabilité au sein des gouvernements, des conseils d’administration et des Nations Unies », précise M. Guterres.
« Nous devons faire davantage pour défier et modifier la dynamique globale du pouvoir dans la société. Par exemple, nous avons besoin de plus de présidentes, parlementaires, gestionnaires de fonds spéculatifs et PDG ».
Le livre illustre les histoires de femmes africaines exceptionnelles et d’organisations dirigées par elles-mêmes qui ont travaillé sans relâche pour construire une paix durable sur le continent au cours des 20 dernières années ou plus.
« Ce que ces femmes remarquables ont en commun, ce sont leurs efforts à promouvoir la paix et arbitrer les conflits dans les communautés », informe M. Guterres, « souvent sans reconnaissance ni paiement, et parfois à grand risque personnel. Ce sont des pionnières, leaders et innovatrices courageuses.
Il dit plus que tout, les femmes dans le livre « veulent moins de discours sur elles, la paix et la sécurité, et plus d’action. Les femmes dans ce livre comptent sur nous, la communauté internationale, et sur leurs dirigeants et les dirigeants d’autres nations pour œuvrer plutôt que prononcer des discours à leur sujet. Elles veulent un investissement concret en tant que parties prenantes égales qui se soucient de l’avenir de leurs communautés et nations. Elles connaissent en détail – autant que leurs homologues masculins - la logistique, les tactiques, la violence et le coût humain de la guerre ».
La Première ministre norvégienne, Erna Solberg, a pris part, en compagnie des plus hauts dignitaires, au lancement.
« Le lancement de ce livre vraiment significatif met en évidence le chemin parcouru par ces femmes remarquables vers la paix. Leurs histoires démontrent la résilience, la force, l’inspiration, l’espoir et ce que les gens peuvent réaliser en travaillant ensemble », déclare-t-elle, ajoutant qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir que les femmes dans le maintien de la paix ne continuent pas d’être écartées avec leurs histoires méconnues, non répétées et non partagées ».
Le Vice-président de la CUA, Thomas Quartey Kwesi félicite les deux organisations pour avoir publié ensemble le livre pour raconter le parcours des femmes vers une paix durable dans leurs communautés.
« La résolution historique 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité a été la première étape de la reconnaissance de l’importance stratégique des femmes dans la consolidation de la paix, la médiation et la reconstruction des communautés déchirées par les conflits », reconnait M. Kwesi.
Le livre présente de nombreuses femmes impliquées dans divers efforts de consolidation de la paix, provenant de villages ruraux et de villes, ayant bénéficié d’éducation privilégiée et issues de milieux modestes.